Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

jeudi 27 mars 2014

Monographies : peintres méconnus en Provence

Jean-Antoine Courcelles (Aix-en-Provence, vers 1670 – Castelnaudary ?, vers 1750).


Passer d'un siècle, d'une province, d'une pratique, à l'autre. Ce sont les chemins suivis par cette étude sur Jean-Antoine Courcelles, occasionnée par l'identification de sa signature à Vernègues, près de Salon-de-Provence. Constitué de deux œuvres certaines, le catalogue bien chétif permet de sortir de l'isolement la Sainte Famille de Vaugines, venue s'ajouter aux trois courtes notices de Jean Boyer sur les Courcelles connus de 1658 à 1728. Mais quid de ce Jean Antoine, Corsel à Avignon, Courcelle à Castelnaudary, cité par les archivistes du Vaucluse et de l'Aude au XIXe siècle ? Cette monographie propose de suivre l'itinéraire du cadet d'une fratrie, figurant certainement parmi les premiers bénéficiaires de l'enseignement de l'école de dessin de Toulouse réformé par Antoine Rivalz. Formé par son frère Antoine d'abord sculpteur, Jean-Antoine révèle par son parcours les limites d'un mode d'apprentissage, un visible déclin de la peinture aixoise, l'existence de potentiels foyers artistiques inexplorés comme le Pays Salonnais et le Lauragais. Retournement de l'histoire, celle du cadet met en lumière vie et œuvre des aînés. Gaspard, apprenti du réputé Gilles Garcin, serait peut-être l'auteur de quelques touches sur des toiles de son maître comme le Saint Eloi de Roquevaire. D'Antoine, il reste la pâle polychromie d'un cadran d'horloge à Aix, peut-être une bannière récemment restaurée à Saint-Zacharie. Et de Jean-Antoine, cet hommage rendu par le salonnais César de Mark, à deux illustres figures familiales de la Contre-Réforme et, probablement, des œuvres encore anonymes entre Carcassonne et Toulouse où il exerça durant un quart de siècle.

 
Jean-Antoine Courcelles (v. 1670 - v. 1750) : Itinéraire d'un peintre aixois de Provence en Languedoc. Etude autour de deux œuvres conservées en Provence.
Mai 2013
33 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
39 illustrations couleurs et noir et blanc.

Monographies : peintres méconnus en Provence

Jean Gody (Brignoles, 1620 – Aix-en-Provence, 1685).


Jean Gody fait partie de ces peintres du XVIIe siècle qui ne suscitèrent guère l'intérêt des historiens. Connu par quelques mentions de signature et notices éparses, son œuvre resta classé comme " médiocre ". Une étude attentive aux documents d'archives et la mise à jour d'un catalogue aujourd'hui enrichi permettent d'entrevoir plus nettement la personnalité de cet artiste. Originaire de Brignoles, probablement formé dans l'atelier aixois de François Mimault, il participa aussi à la vie artistique du pourtour de l'Etang de Berre. Des documents inédits révèlent sa proximité insoupçonnée avec Jean Daret, maître incontesté de la peinture en Provence durant le Grand Siècle. Gody assura en effet selon toute vraisemblance l'apprentissage de Jean-Baptiste Daret, fils de Jean. C'est cependant vers les apports de Reynaud Levieux, peintre nîmois " classique " que l'observation de ses toiles ramène. Cette étude apporte un éclairage sur le contexte pictural de la ville de Brignoles au XVIIe siècle, sur les grands chantiers de décor des édifices religieux de Martigues, sur la vie artistique aixoise
" sans " Jean Daret, lors de son séjour parisien et au moment de sa succession. Guidée par le thème récurrent du Don du Rosaire, la recherche des peintures de Gody suit des chemins de traverse. Aux " plat-fonds " de retables d'églises et chapelles alors villageoises (Rognes, Jouques, Saint-Paul-lès-Durance, Alleins, Grimaud), se succèdent les grands ensembles baroques martégaux et des découvertes inattendues sur les cimaises du Musée du Pays Brignolais.
 

Jean Gody (1620-1685), peintre à Aix, Brignoles et Martigues. Etude autour de douze œuvres conservées en Provence.
Mai 2012
79 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
46 illustrations couleurs et noir et blanc.

Monographies : peintres méconnus en Provence

Etienne Peson (Marseille ou Arles ?, vers 1480-90 ? – Marseille, 1551)

Jean Cordonnier (Troyes, après 1470 ? – Marseille, 1547).



Etienne Peson et Jean Cordonnier : deux noms classés dans le dossier des Primitifs marseillais, deux peintres associés au début du XVIe siècle, redécouverts par des érudits du XIXe siècle, mais dont seules deux œuvres ont pu être identifiées. Un gisement dormait encore dans le fonds Pierre Bertas des Archives Municipales de Marseille. Comme pièces maîtresses s'y succèdent les relevés sur Jean Peson, fils d'Etienne, peintre aussi, les nombreux documents sur la famille de Cordonnier, dont la mention du testament de ce dernier. C'est d'abord sur la personnalité des peintres et de leurs commanditaires que les questions s'enchaînent : les origines d'un Peson, peut-être plus arlésien que marseillais, le lien d'un Cordonnier avec Georges Trubert, historieur du Roi René, les rapports avec la famille Droin, dynastie de peintres verriers, avec plusieurs artistes en transit de la Provence orientale à Avignon, les Dupin, riches calfats, Monet Olivier, prêtre, fermier et client de Peson. De l'impressionnante production de ces ateliers maîtrisant peinture et menuiserie, liant collaborateurs, apprentis et sous-traitants restait à trouver des vestiges. L'immense panneau de Pignans dans le Var, probable Pietà des calfats peinte par Cordonnier, la curieuse Annonciation de Saint-Philippe à Marseille tentent de compléter un catalogue témoignant encore timidement de l'activité picturale marseillaise des années 1520.

 
Etienne Peson, Jean Cordonnier et la peinture à Marseille autour de 1520. Etude autour de nouveaux documents et de deux œuvres inédites.
Novembre 2011
74 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
38 illustrations couleurs et noir et blanc.

Monographies : peintres méconnus en Provence

Joseph-Antoine Bernard (Martigues, vers 1762 - 1835).


Un mystérieux Bernard du Martigues était jusqu'à présent connu par deux toiles signées, ainsi qu'une mention d'archive publiée. Le peintre martégal Joseph Blaÿ (vers 1740-1795), décédé veuf et sans enfant, léguait en partie ses biens à son neveu Joseph-Bernard Flaugier, peintre bien connu des historiens de l'art catalans, initiateur du néo-classicisme espagnol et fondateur du musée d'art de Barcelone. Blaÿ réservait également une part de son héritage à sa sœur, épouse de Sébastien Bernard, et ses enfants. Voici Bernard enfin révélé, Joseph-Antoine de son prénom, neveu d'un peintre, cousin d'un peintre, mais également frère cadet d'un peintre, " peintre en histoire ", né vers 1762 dans le quartier de Jonquières, décédé en 1835, probablement du choléra. Les registres des notaires de Martigues livrent une centaine de documents, dont l'inattendu inventaire de la succession décrivant sa collection et son atelier.

Restait à reconstituer l'oeuvre. Bernard fait partie de ces artistes bénéficiaires du Concordat de 1801 ayant restauré les commandes de peintures religieuses. Comparaisons, analogies avec un groupe de trois œuvres signées alimentent un catalogue aujourd'hui riche de vingt-cinq numéros, parmi lesquels un grand nombre d'ex-voto, une bannière de procession, de grandes toiles religieuses, un portrait, répartis sur tout le pourtour de l'Etang (Martigues, Istres, Miramas, Saint-Chamas,Vitrolles, Marignane, Gignac-la-Nerthe,Vernègues). L'inventaire de sa succession laisse supposer une activité de portraitiste et de décorateur, peut-être pour le théâtre d'Avignon, ainsi que des rapports étroits avec le peintre de marines Louis Mille.

 
Joseph-Antoine Bernard (vers 1762 - 1835), un peintre de Martigues sous la Révolution, l'Empire et la Restauration. Etude autour de 25 œuvres du pourtour de l'Etang de Berre.
Mars 2011
56 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
84 illustrations couleurs et noir et blanc.

Monographies : peintres méconnus en Provence

André Carton, dit Hurlupin (Picardie ?, vers 1500 – Draguignan ?, après 1581).


Peintre du XVIe siècle connu en Provence par une œuvre signée, " Hurlupin " est l'auteur du triptyque de Saint Antoine à Cogolin. Frédéric Mireur, archiviste du Var, l'avait déjà identifié à André Carton actif à Draguignan de 1528 à 1581. Il lui avait consacré une biographie encore méconnue, s’interrogeant sur ce sobriquet aux sonorités médiévales mais pas forcément provençales. La présente étude évoque une probable provenance picarde, un possible passage à Paris, une formation certainement parfaite dans le cercle des Bréa. Le rassemblement de sources éparses, la relecture des documents cités par Mireur ne pouvaient que s'accompagner d'une enquête sur l'œuvre dont tous les auteurs déplorent la méconnaissance. Les rapprochements permis par une riche iconographie confirment les intuitions d'anciens érudits et posent les bases d'attributions inédites. Quelle évolution donc pour celui qui, traversant le siècle, peint encore en 1540 dans la tradition des Primitifs ? Observations et informations tentent de suivre l'activité d'un peintre auquel est ici donné un groupe d'œuvres de tout l'ancien diocèse de Fréjus. La célèbre Vierge du Rosaire de Notre-Dame-du-Peuple à Draguignan perd ainsi son anonymat, la délicate Adoration de l'Enfant Jésus de la chapelle du château de Sainte-Roseline aux Arcs trouve un éclairage sur ses accents à la fois italiens et flamands, le très primitif panneau de Saint Antoine de Trans se voit rajeunir de quelque vingt ou trente ans. Le triptyque et la prédelle de Saint Auxile de Callas, deux retables de Roquebrune sortent enfin d'un très long silence et d'une ombre pesante.

 
André Carton dit Hurlupin, un peintre de la Renaissance à Draguignan. Etude autour de neuf œuvres conservées dans le Var.
Janvier 2011
65 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
77 illustrations couleurs et noir et blanc.

Monographies : peintres méconnus en Provence

Jean-Baptiste Daret (Aix-en-Provence, 1649-1725).


Jean-Baptiste Daret fait partie de ces artistes cachés par l'ombre de leur père. Si la Provence s'enorgueillit très tôt des chefs-d'œuvre de l'illustre Jean Daret, elle relégua ses deux fils Michel et Jean-Baptiste à un rang secondaire. La biographie revisitée du dernier laisse cependant supposer une activité pour des personnalités du cercle parlementaire. Une régulière association avec son frère, aussi ingénieur, donna quelques fastueux décors redécouverts grâce à la restauration d'un tondo du Parlement de Provence, à deux toiles sorties de la confidentialité d'un château aixois lors d'une vente publique et attribuées aux deux frères.

Le Musée Brignolais conserve la première toile exécutée par Jean-Baptiste seul. La publication du prix-fait la replace dans la tradition des retables de confréries de métiers et y occasionne la découverte d'une navette de tisserand curieusement peinte aux pieds de la Sainte Famille. L'observation d'un style bien personnel permet de déterminer les parties dues à Jean-Baptiste sur d'autres toiles exécutées par les frères Daret. Le retable de Pontevès, signé par Michel, s'avèrerait ainsi une œuvre à deux mains, les tondi de l'église de Pertuis, bien que confiés aux deux Daret par le prix-fait, ne porteraient que l'empreinte de Jean-Baptiste. Enfin la Cène de la cathédrale d'Aix, donnée par tous les guides à Jean Daret alors qu'il ne la laissa qu'ébauchée à son décès, révèle très tôt des traits caractéristiques de chacun de ses fils peintres. Le catalogue s'achève par une publication des gravures des derniers grands décors baroques éphémères connus en Provence, réalisés sous la conduite de Jean-Baptiste pour les peintures.
 

Jean-Baptiste Daret, peintre aixois (1649-1725). Vie et œuvre d’un fils de Jean Daret.
Mars 2010
45 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
49 illustrations couleurs et noir et blanc.

Monographies : peintres méconnus en Provence

Joseph Blaÿ (Marseille, 1741 - Martigues 1795).


La vie artistique autour de l'Etang de Berre n'est souvent évoquée qu'à partir des paysagistes du XIXe siècle. Un siècle auparavant y œuvrait activement une famille de peintres issue du monde des pêcheurs. Joseph Blaÿ, second de la lignée, se forme auprès de son père sur le chantier du décor de la chapelle des Pénitents Blancs de Martigues. Quelques détails pourraient, observés de près, avoir été peints de sa main. On ne connaissait de lui qu'une toile à Martigues, et un décor plafonnant à Vitrolles. Une enquête dans les archives ainsi que dans les édifices religieux du pourtour de l'Etang de Berre, permet de lui attribuer avec certitude un ensemble d'oeuvres cohérent. D'abord populaires, puis baroques, ses images annoncent enfin le néoclassicisme. Il en va ainsi d'une série d'ex-voto à Gignac-la-Nerthe, Marignane et Berre, de toiles à Saint-Mitre-les-Remparts, Châteauneuf-lès-Martigues, Gignac-la-Nerthe et Marignane. Sa biographie très détaillée révèle un peintre proche de la population locale à qui il prête inlassablement d'importantes sommes d'argent. L'héritage de Blaÿ ne se limite pas aux localités environnantes puisque cette étude confirme ses liens étroits avec son neveu et apprenti Joseph Flaugier, chef de file du néo-classicisme catalan et fondateur du Musée d'art de Barcelone. Enfin, la découverte de l'activité d'un autre neveu formé par ses soins, un énigmatique " Bernard du Martigues ", devrait aboutir à l'établissement d'un riche catalogue d'ex-voto et toiles empreints de l'héritage néo-classique propre à la Restauration.
 

Joseph Blaÿ, peintre de Martigues (1741-1795). Etude autour de quatorze œuvres du pourtour de l’Etang de Berre.
Février 2010
55 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
63 illustrations couleurs et noir et blanc.
Edition en cours de mise à jour et d’augmentation

lundi 3 mars 2014

Dossiers d’étude

Le tableau de la Pietà et l’ancien retable de la chapelle Notre-Dame de Pitié

Dossier d’étude sur l’origine et la destination d’une toile de l’église de Marignane

Septembre 2013


Tout visiteur, même non averti, de l’église Saint-Nicolas de Marignane, remarque au fond de la chapelle jouxtant le chœur, la qualité exceptionnelle d’un tableau de la Pietà. Restaurés, la toile et le cadre se présentent pourtant dans un contexte de conservation assez préoccupant.

Récemment, l’Association des Amis du Vieux Marignane, chargée de la restauration de la chapelle Notre-Dame de Pitié, a commandé cette étude sur le tableau, à propos duquel quelques bribes d’informations historiques publiées évoquent la provenance.

Ce dossier a donc été constitué à partir d’un travail scientifique, fondé sur la recherche des sources permettant de reconstituer l’histoire de cette œuvre, de l’ancien retable du maître-autel de la chapelle Notre-Dame de Pitié à l’église paroissiale. Il est destiné à éclairer des choix de conservation, de mise en valeur et de diffusion des connaissances sur le tableau et sa destination première.

L’occasion se trouve ici donnée de rectifier nombre d’erreurs et d’approximations transmises depuis la fin du XIXe siècle sur cette copie de la célèbre Pietà du peintre bolonais Annibal Carrache. Sans oublier le doute, de plus en plus grand, quant à l’histoire traditionnellement « admise » d’une chapelle, supposé ex-voto érigé suite aux inondations de 1635. Doute levé par la découverte inédite des prix-faits liés à la reconstruction de la chapelle et le dépouillement systématique des comptes-rendus des visites épiscopales.

La raison d’être du tableau de la Pietà s’en trouve donc éclairée, tout comme sa destination première, le contexte de son exécution au troisième étage du Palais Farnèse à Rome, de sa mise en place à Marignane, de sa dépose et de son transfert. Sa datation établie de manière assez précise ouvre désormais une possibilité d’attribution à un grand maître de la peinture française, de passage entre Marseille et Avignon à l’automne 1657, que l’on n’attendrait guère à Marignane…