L’atelier
du peintre
Un
ensemble d’artefacts pour le musée du Petit Palais d’Avignon
Dans
le cadre de la préparation de l’exposition parcours « L’atelier du
peintre », la conservation du musée du Petit Palais a souhaité concevoir
une salle introductive aux œuvres, dédiée au « Peintre au travail ».
Six modules garniront ainsi les vitrines de cette première étape d’un parcours
consacré à la vie et aux pratiques des ateliers de peintres en Italie du XIVe
au XVIe siècle.
Un
ensemble d’artefacts permettra donc d’appréhender de manière concrète les
techniques, procédés, matières et produits mis en œuvre sur les chantiers de
décors muraux et sur les panneaux de bois comme principaux supports de la
peinture de chevalet. Quand elles sont nécessaires à la compréhension, les
phases de travail imperceptibles sur les œuvres finies ont été rendues visibles
par des séquences volontairement inachevées ou des juxtapositions de matières
premières et de produits transformés.
Le
base de ce travail reste les témoignage des artistes eux-mêmes, collectés à
travers leurs traités et manuels, ainsi que les résultats des examens et
analyses préalables à la restauration de certaines de leurs œuvres.
S’enchaînera
ainsi la découverte du support de peinture murale, du support de peinture sur
panneau, des procédés de report du dessin, des outils du dessin et de la
peinture, des techniques d’ornement et de dorure, la composition d’une couche
picturale.
Parmi
les réalisations à voir, cohabiteront un panneau enduit et peint à fresque sur
plaque de brique, un échantillonnage chaux aérienne en roches, de calcaire en
roches avant cuisson, de marbre et travertin, de sables des trois couleurs
catégorisées depuis l’antiquité pour les enduits.
Aux
côtés d’un panneau de bois de peuplier encollé, entoilé et enduit, se
déploieront une pièce de toile de lin, un échantillonnage de gypse de Bologne,
de gypse en roches avant cuisson, de Colle de peau et colle de parchemin en
blocs, de rognures de peaux et parchemins crues, puis cuites, une pierre ponce
volcanique, un demi os de seiche, un bouchon confectionné en tiges de
prêle, le tout employé au ponçage des panneaux.
Au
registre de la préparation graphique de l’œuvre peinte dialogueront un poncif
de papier chiffon tracé à la pierre noire, une aiguille de fer montée sur
fuseau de bois, un spolvero de toile de lin rempli de poudre de charbon, un patron
de papier chiffon tracé à la pierre noire passé au charbon au revers, un stylet
de bois de buis, un patron de papier chiffon ciré, un pochoir de parchemin
huilé, et un panneau de bois de peuplier mis en œuvre selon les techniques de
report ainsi évoquées.
Tout
l’attirail, fabriqué, monté par éléments ou simplement utilisé par l’atelier
mettra en évidence une véritable économie de l’outillage au travers un stylet
d’os, des bâtonnets de saule coupés, écorcés et liés au fil de laiton, les charbons
obtenus après carbonisation, la pierre noire brute et façonné en crayon, une brosse
de soies de porc montée comme au moyen âge, un pinceau moyen de soies de porc,
un pinceau fin de petit gris, le tout procédant d’un assemblage de hampes de
bois, tuyaux de plumes d’aigle, d’oie, de poule ou de pigeon, soies de porc
blanc, poils de queue de petit gris, fils de lin ou de soie cirés.
Mis
en œuvre pour les ornements, se rapprocheront bol d’Arménie, feuilles d’or et
d’argent, motif ornemental découpé dans une feuille d’étain dorée à la feuille,
motif ornemental découpé dans une feuille d’étain dorée à l’aloès et au safran,
d’après une recette de « liqueur à dorer » reconstituée aux côtés de
ses ingrédients, huile de lin, sandaraque, aloès et safran. Un coussinet de
doreur voisinera avec une palette à dorer de petit gris, une patte de lièvre,
un brunissoir d’agate, une dent de sanglier et un poinçon ornemental à motif
floral.
Les
méthodes d’obtention des liants protéiniques composant la couche picturale se
comprendront à travers une éponge de mer, un fouet de bruyère, un filtre
conique de toile de lin, des taillures de figuier. Huile de lin crue, clarifiée,
cuite, huile de noix, gomme arabique, gomme adragante et véritable colle
d’esturgeon complèteront la gamme. Une collection de 33 pigments historiques
sera volontairement parasitée par certaines matières premières ou petits
dispositifs détaillant les procédés d’obtention les plus courants (lames de
métaux oxydées, os blanchis et calcinés, comme les sarments, teintures
travaillées en laques, comme celles du safran, de la gaude, de l’indigo, de la
guède ou du folium). Quelques incursions minéralogiques ponctueront le module,
à travers des blocs d’azurite, de céladonite, chrysocolle, cinabre, hématite, lapis-lazuli,
malachite, ocre brun, ocre jaune, orpiment, pierre noire et de réalgar.
Enfin,
un choix de composants de vernis (huiles de lin et de noix, sandaraque, mastic,
colophane, térébenthine de Venise, térébenthine de Strasbourg) évoquera les
effluves saturant l’atelier à l’achèvement des peintures, expérience qui sera
d’ailleurs discrètement proposée à travers un boîtier olfactif posé en
« hors d’œuvre », invitant à ensuite à en découvrir celles de la
collection, avec un autre regard.
L’ensemble
sera scénographié par l’agence Saluces habituellement sollicitée pour les
expositions du musée, et devrait accompagner la présentation des collections
permanentes à l’issue de l’exposition.
Renseignements
Musée
du Petit Palais
Palais
des Archevêques – Place du Palais des Papes
84000
AVIGNON
04
90 86 44 58