Le tableau, le décor peint et le mobilier de la chapelle Saint-Barthélemy.
Dossier d’étude sur un ensemble donné par Christian Dior à la commune de Montauroux.
Mars 2019
La
chapelle Saint-Barthélemy de Montauroux ne présente guère d’intérêt
architectural pour tout curieux ou promeneur visitant cette extrémité du
département du Var. C’est aussi ce qu’avait conclu la commission des monuments
historiques qui en avait rejeté la proposition de classement en 1956, pour
finalement procéder à celui de tout le décor intérieur et du mobilier deux ans
plus tard. En 1953, ce petit sanctuaire surplombant le village appartenait
encore à Christian Dior qui avait récemment acquis à Montauroux le domaine de
la Colle Noire, auquel se trouvait curieusement attaché l’édifice consacré au
saint patron du lieu. Un don à la commune à la fin de cette même année lui a
permis de clarifier les questions d’une propriété de longue date controversée
et jamais véritablement tranchée… depuis le XVIIIe siècle.
La
société des Parfums Christian Dior, qui a acquis le domaine en 2013, toujours
impliquée dans la mise en valeur du patrimoine passé entre les mains du
créateur, a donc initié une étude sur le tableau du maître-autel, ceux du
pourtour, les lambris peints, le retable de gypserie, l’autel et le tabernacle
de la chapelle. La restauration de cette dernière avait en effet été engagée
par Christian Dior lui-même, puis posée comme condition relative à sa cession
enregistrée par délibération du conseil municipal. Sur proposition de
l’historien Frédéric d’Agay, le dossier s’est ouvert et concentré sur le
tableau du retable, une Annonciation et saint Barthélemy, visiblement antérieur
à l’édification de la chapelle datée de 1634 par les derniers travaux
historiques locaux. Le dépouillement des archives épiscopales de Fréjus est
venu confirmé sa mise en place entre 1600 et 1613, avant donc un agrandissement
et une reconstruction documentés entre 1634 et 1639. L’identification de
sources anversoises, romaines, bellifontaines et provençales a éclairé le
contexte de la commande et de l’exécution de l’œuvre. La superposition avec le compartiment d’un
triptyque bas-alpin signé et daté de 1614 a guidé une attribution qui ne fait
guère de doute, d’autant que le peintre était déjà bien connu entre Draguignan
et la Provence orientale. La datation du retable de gypserie, pour lequel un
nom de maçon montaurousien a été avancé, de même que celui d’un ou une
auteur(e) pour les treize tableaux de la vie de la Vierge appendus au XVIIIe
siècle par les pénitents blancs dont la titulature se devinait déjà à travers
le sujet figuré au maître-autel. Réalisés par une main malhabile, dans une
veine populaire caractéristique des années 1750, quasiment tous reprennent une
estampe identifiée à l’occasion de cette étude. Se dévoile ainsi une collection
d’images gravées provenant de toute l’Europe, ensemble jusqu’à présent
insoupçonné dans l’entourage des pénitents de Montauroux. Les lambris peints
ont inclus et complété cette série dans les années 1780-1785, avant que l’autel
et le tabernacle de l’église paroissiale ne gagnent la chapelle en 1843. De
fait, l’étude des peintures et du mobilier a permis de réécrire ou préciser
l’histoire du monument qui les a accueillis, jusqu’à des interventions datées
de 1954 qu’il est tentant de mettre au compte de relations que Christian Dior
avait tissées avec le milieu culturel et artistique grassois. Par ailleurs
saint Barthélemy patronnait anciennement les tanneurs et les gantiers, à
l’origine d’une parfumerie qu’est précisément venu développer le créateur en
pays de Fayence.
Soucieuse
de la diffusion culturelle et scientifique de cette étude, la société des
Parfums Christian Dior a remis un exemplaire de cette étude communicable au
public, sur demande, à la ville de Montauroux, à la conservation régionale des
monuments historiques, à la Société d’études scientifiques et archéologiques de
Draguignan, au musée bibliothèque Paul Arbaud d’Aix-en-Provence.
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