Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

jeudi 9 mai 2019

Dossiers d’étude

Le tableau, le décor peint et le mobilier de la chapelle Saint-Barthélemy.

Dossier d’étude sur un ensemble donné par Christian Dior à la commune de Montauroux.

Mars 2019

La chapelle Saint-Barthélemy de Montauroux ne présente guère d’intérêt architectural pour tout curieux ou promeneur visitant cette extrémité du département du Var. C’est aussi ce qu’avait conclu la commission des monuments historiques qui en avait rejeté la proposition de classement en 1956, pour finalement procéder à celui de tout le décor intérieur et du mobilier deux ans plus tard. En 1953, ce petit sanctuaire surplombant le village appartenait encore à Christian Dior qui avait récemment acquis à Montauroux le domaine de la Colle Noire, auquel se trouvait curieusement attaché l’édifice consacré au saint patron du lieu. Un don à la commune à la fin de cette même année lui a permis de clarifier les questions d’une propriété de longue date controversée et jamais véritablement tranchée… depuis le XVIIIe siècle.
La société des Parfums Christian Dior, qui a acquis le domaine en 2013, toujours impliquée dans la mise en valeur du patrimoine passé entre les mains du créateur, a donc initié une étude sur le tableau du maître-autel, ceux du pourtour, les lambris peints, le retable de gypserie, l’autel et le tabernacle de la chapelle. La restauration de cette dernière avait en effet été engagée par Christian Dior lui-même, puis posée comme condition relative à sa cession enregistrée par délibération du conseil municipal. Sur proposition de l’historien Frédéric d’Agay, le dossier s’est ouvert et concentré sur le tableau du retable, une Annonciation et saint Barthélemy, visiblement antérieur à l’édification de la chapelle datée de 1634 par les derniers travaux historiques locaux. Le dépouillement des archives épiscopales de Fréjus est venu confirmé sa mise en place entre 1600 et 1613, avant donc un agrandissement et une reconstruction documentés entre 1634 et 1639. L’identification de sources anversoises, romaines, bellifontaines et provençales a éclairé le contexte de la commande et de l’exécution de l’œuvre.  La superposition avec le compartiment d’un triptyque bas-alpin signé et daté de 1614 a guidé une attribution qui ne fait guère de doute, d’autant que le peintre était déjà bien connu entre Draguignan et la Provence orientale. La datation du retable de gypserie, pour lequel un nom de maçon montaurousien a été avancé, de même que celui d’un ou une auteur(e) pour les treize tableaux de la vie de la Vierge appendus au XVIIIe siècle par les pénitents blancs dont la titulature se devinait déjà à travers le sujet figuré au maître-autel. Réalisés par une main malhabile, dans une veine populaire caractéristique des années 1750, quasiment tous reprennent une estampe identifiée à l’occasion de cette étude. Se dévoile ainsi une collection d’images gravées provenant de toute l’Europe, ensemble jusqu’à présent insoupçonné dans l’entourage des pénitents de Montauroux. Les lambris peints ont inclus et complété cette série dans les années 1780-1785, avant que l’autel et le tabernacle de l’église paroissiale ne gagnent la chapelle en 1843. De fait, l’étude des peintures et du mobilier a permis de réécrire ou préciser l’histoire du monument qui les a accueillis, jusqu’à des interventions datées de 1954 qu’il est tentant de mettre au compte de relations que Christian Dior avait tissées avec le milieu culturel et artistique grassois. Par ailleurs saint Barthélemy patronnait anciennement les tanneurs et les gantiers, à l’origine d’une parfumerie qu’est précisément venu développer le créateur en pays de Fayence.
Soucieuse de la diffusion culturelle et scientifique de cette étude, la société des Parfums Christian Dior a remis un exemplaire de cette étude communicable au public, sur demande, à la ville de Montauroux, à la conservation régionale des monuments historiques, à la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan, au musée bibliothèque Paul Arbaud d’Aix-en-Provence.

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