Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

mercredi 29 novembre 2017

Dossiers d’étude

Fêtes et réjouissances marignanaises

Un calendrier de 13 fêtes célébrées à Marignane entre le XVIe et le XXIe siècle


Octobre 2017


Septième dossier d’étude commandé par l’association des Amis de Marignane et de la Provence, ce rapport de recherche propose un premier tableau, ou plutôt calendrier des fêtes et réjouissances marignanaises du XVIe au XXIe siècle. Fondé sur le projet de restauration de la chapelle Notre-Dame de Pitié en 1965, l’objectif de l’association a toujours été d’éclairer, à travers ces campagnes scientifiques, l’histoire du patrimoine de la commune à la lueur de celle du sanctuaire rural. Interroger maintenant l’organisation des fêtes qui, pour beaucoup, s’y déroulaient ou y menaient, revient finalement à sonder les origines du ou des mouvements associatifs à l’œuvre pour ces évènements. Une suite cohérente est ainsi donnée aux travaux précédents sur le patrimoine matériel et monumental de Marignane engagés depuis 2013, initiée par la question : et quelle vie dans ou pour cet héritage bâti ? A partir d’un premier tri issu des études précédentes, treize fêtes régulières ont été retenues, toutes récurrentes et documentées depuis le début de l’époque moderne, soit les XVIe et XVIIe siècles : l’Annonciation ou Incarnation (25 mars), le Jeudi Saint (avril), la Saint-Marc ou fête des vignerons (25 avril), les Rogations (mai), la Fête-Dieu (juin), la Saint-Jean-Baptiste (24 juin), la Saint-Eloi (25 juin), les fêtes de Notre-Dame (7-10 septembre), la Nativité de Notre-Dame (8 septembre), le Vœu de la Saint-Mathieu (21 septembre), la Saint-Nicolas ou fête des mariniers (6 décembre), la « Vaquette » ou fête du Roitelet (26 décembre), les processions du Rosaire chaque premier dimanche du mois. Elles demeurent, dans leur mise en œuvre, propres à Marignane, avec leurs particularités (et leur créativité) locales, et présentent le point commun de rassembler toute la population, alors dite « communauté ». La forme du document proposé comme moyen de diffusion privilégie l’approche sensorielle. Elle facilite une immersion dans les évènements décrits et un partage d’expérience avec leurs participants, tout en maintenant la distance historique nécessaire à la compréhension de pratiques et mentalités autres, parfois supposées, la plupart disparues, et pour certaines incompatibles avec celles de la société actuelle. Les pages en sont donc autant que possible illustrées et émaillées de descriptions visuelles, sonores, gustatives, olfactives. Recettes culinaires, partitions musicales, schémas et notations chorégraphiques créent, le cas échéant, des possibilités de restitutions concrètes et expérimentales. Au-delà d’une succession d’évènements purement locaux, ce dossier replace Marignane et son patrimoine immatériel dans une histoire bien plus large. On y trouve en effet des témoignages parmi les plus anciens actuellement connus dans la région, comme la mention des biscuits ou échaudés du Jeudi Saint en 1651, celle de la mise aux enchères du gaillardet de la Saint-Eloi dès 1740, celle des « épingles » offertes aux danseuses par leurs cavaliers dès 1777, ou celle de la bouillabaisse en 1789. Le contenu de ce dossier permet de compléter la documentation diffusable sur le patrimoine immatériel de Marignane. Il alimentera notamment la signalétique manquante de la chapelle Notre-Dame de Pitié.

 
Renseignements
Association des Amis de Marignane et de la Provence
5, rue Foch - 13700 Marignane
04 42 34 87 32
lesamisduvieuxmarignane@orange.fr

Documents pédagogiques

Les carnets du patrimoine


L’Office de Tourisme de Marignane a lancé la diffusion d’une première série des Carnets du patrimoine à l’occasion des Journées européennes le 16 septembre dernier.
Ceux-ci ont été conçus et réalisés depuis l’été 2016, en collaboration avec l’association des Amis de Marignane et de la Provence et les archives communales. Ces documents proposent une mise à jour de l’histoire et des possibilités de découverte des principaux monuments de la commune accessibles au public.
 


Les trois premiers concernent le château des Covet, actuel Hôtel de ville, la chapelle Notre-Dame de Pitié et la maison commune dite « beffroi ». Destinés à préparer, accompagner ou compléter les visites individuelles ou collectives, libres ou guidées, ils déploient plusieurs approches du monument :
- dans son contexte urbain ou rural, en liaison avec son site d’implantation et ses abords,
- selon un parcours propre, d’extérieur en intérieur,
- focalisant l’attention de ses aspects généraux aux détails les plus significatifs, inattendus ou curieux,
- évoluant dans le temps matérialisé par un ruban chronologique,
- objet de témoignages directs sur un état historique, choisis pour leur qualité littéraire.
S’ensuivent les renseignements pratiques liés à l’accès, aux modalités de visite et aux événements réguliers animant le monument.
Abondamment illustré, chaque carnet est construit autour d’une planche présentant le monument en vue axonométrique, réalisée pour l’occasion, si possible ouverte afin d’y repérer d’un seul regard tous les points clés.
 


La collection, éditée grâce au soutien du Crédit Mutuel et de l’association des Amis de Marignane et de la Provence, devrait s’enrichir d’un Carnet dédié à l’église Saint-Nicolas en cours de restauration.
 

 
 
Renseignements
Office de Tourisme de Marignane
Cours Mirabeau
13700 Marignane
04 42 31 12 97

mardi 28 novembre 2017

Dossiers d’étude

22 ex-voto peints pour la chapelle Notre-Dame de Miséricorde à Martigues (fin du XVIIIe – début du XXe siècle). Dossier d’étude sur une partie non documentée de la collection du musée Ziem.

Juin 2017
 
Ils tapissent et colorent avantageusement les parois d’une salle d’ethnographie locale au dernier étage du musée Ziem de Martigues. Ils sont au nombre de cinquante, cinq d’entre eux étant en réserve, parmi lesquels figurent quatre dessins aquarellés ou gouachés sur papier. Les ex-voto peints de la chapelle Notre-Dame de Miséricorde, malgré l’agitation des images qu’ils présentent et la profusion verbale que certains arborent, sont longtemps restés muets.
Une récente étude commandée en 2016 par le service Ville d’art et d’histoire de Martigues a permis d’en documenter assez précisément vingt-huit (voir l'article). Leur attribution à la dynastie et à l’atelier des peintres auteurs des décors pariétaux de la chapelle de l’Annonciade a occasionné la rédaction d’une notice individuelle sur chacun. Plus de la moitié de la collection se trouvait donc à la fin de l’année 2016 cataloguée sous les noms de Joseph Blaÿ (1740-1795) pour deux d’entre eux, Jean-André Bernard (1761-1810) pour trois panneaux, Joseph-Antoine Bernard (1764-1835) pour treize tableaux, Joseph Hilaire (1803-1870) pour dix peintures. A côté de cet ensemble couvrant la période de 1755 à 1857 restait à étudier vingt-deux ex-voto peints de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. Le musée Ziem a donc souhaité finaliser ces travaux de recherches, déjà alimentés depuis 2010 par une suite de dossiers sur les collections d’ex-voto et les peintres actifs autour de l’Etang de Berre. A travers eux la question des ex-voto est apparue comme centrale dans le panorama des activités et de la production des ateliers pratiquant tout aussi bien la peinture d’histoire que le portrait ou le décor mural. Il y avait donc matière à aborder ces « petites » peintures d’ « histoires » comme des œuvres à part entière. Et à les faire entrer dans le champ de l’histoire de l’art, avec leur processus de création, leur procédé de fabrication, la personnalité de leurs commanditaires. Il conviendra d’y ajouter les circonstances de leur réalisation, la culture qui les sous-tend, l’iconographie qu’elles mettent en œuvre, leur datation. Et d’y décliner l’identité de leur auteur avéré ou supposé, sa biographie que l’ex-voto peint vient ponctuer, l’histoire de ce dernier parfois lisible dans sa matière même. Tout ceci en espérant que la recette de la traditionnelle notice vienne finalement pallier à une carence en informations et rectifier certains intitulés, datations, ou signatures mal interprétées. L’occasion est ainsi donnée à Martigues de faire entrer en résonance sa collection ethnographique d’ex-voto avec celle d’un musée d’art baptisé du nom d’un peintre. La nature populaire de cet art en appelle de fait à sonder les histoires personnelles et familiales de ces « petites » gens, un temps entrés en contact avec un artiste ou un artisan. Cette démarche, magistralement mise en œuvre par Félix Reynaud entre 1996 et 2000 pour sa séquence d’ouvrages sur les ex-voto de Notre-Dame de la Garde, est adoptée en première partie de chaque notice. A cette fin, ont été mises à contribution les ressources archivistiques les plus élémentaires : registres des actes d’état civil consultables pour la période de 1792 à 1902, listes nominatives des recensements de la population de la commune de 1836 à 1872, table des propriétaires de la matrice cadastrale avant 1914. Y a été effectué un relevé des mentions des donateurs nommément cités sur leur ex-voto, mais aussi des personnes exerçant un métier artistique ou artisanal en lien avec leur réalisation (peintres, peintres en bâtiment, peintres vitriers, lithographes, dessinateurs, hydrographes, doreurs), ainsi que les professionnels concernés au premier chef par le principal des évènements à l’origine de l’ex-voto, à savoir les médecins et pharmaciens. Enfin, peu usité, l’Indicateur Marseillais édité de 1841 à 1979, s’est avéré précieuse référence d’abord pour les prestataires marseillais, puis pour tous ceux du département à partir de 1882. Ce document interne aura pour vocation d’alimenter une future publication du musée sur l’intégralité de sa collection d’ex-voto peints.
 
Renseignements
Musée Ziem
11 Boulevard du 14 Juillet - 13500 Martigues
04 42 41 39 60

Dossiers d’étude

Histoire monumentale de Marignane d’après les documents authentiques du notaire Jean Bertrand (1529-1560) : l’église Notre-Dame de Nazareth, la chapelle Notre-Dame du Devens, la maison de ville, le château des Tende-Savoie.

 
Avril 2017
 
 
Quatrième volet de la série d’études marignanaises « d’après documents authentiques », ce fascicule propose une remontée dans le temps et dans les sources. L’année 2013 avait été consacrée à une campagne de recherches accompagnant la restauration de la chapelle Notre-Dame de Pitié (voir l'article). Le dépouillement systématique des registres de notaires et des procès verbaux des visites épiscopales avait alors apporté un nombre non négligeable de documents insoupçonnés. Forte de ces résultats tangibles, l’association des Amis de Marignane et de la Provence, de concert avec la ville, a engagé une seconde étude en 2015 sur l’église paroissiale (voir l'article), puis une troisième en 2016 sur la période de 1550 à 1645 pour laquelle le fonds des notaires de Marignane a livré une quantité considérable d’actes (voir l'article). S’est, à cette occasion, révélée l’existence de vingt-quatre registres du notaire marignanais Jean Bertrand couvrant les années de 1529 à 1560.  Inclus dans le fonds de l’étude marseillaise Blanc-Prévot-Giraudie versé aux Archives départementales, ces documents ont très certainement été transférés par Charles Lebon, notaire à Marseille de 1629 à 1674. Son nom l’identifie en effet comme descendant et successeur de Charles et Honoré Lebon, tous deux détenteurs de la charge à Marignane de la fin du XVIe au début du XVIIe siècle. Le parcours des registres du notaire Jean Bertrand a permis un certain nombre d’éclaircissements et de rectifications tout en apportant son lot d’inattendu. S’éclaire ainsi l’histoire des plus anciennes chapelles latérales de l’église paroissiale, celles de Notre-Dame de Pitié, de l’Annonciade, de Saint-Antoine et de Saint-Sébastien, la création de deux chapelles au début du XVIe siècle, celles de Sainte-Marie-Madeleine et de Sainte-Catherine, encore visibles et destinées à une prochaine restauration. Les délibérations de la communauté et prix-faits pour la surélévation du clocher tel qu’il se voit aujourd’hui permettent d’en connaître les auteurs, les tailleurs de pierre Guillaume Benoît (Guilhermus Benedicte) d’Aix, et Maurice Raynier de Marignane, ainsi que la date de 1533-1535, entrepris en hommage à François Ier dont figuraient les armes sur un écusson perdu. Se révèlent également les projets d’agrandissement du sanctuaire dès 1560. L’existence de la chapelle Notre-Dame de Pitié, dite alors « du Devens », se trouve désormais attestée dès 1540 et le Calvaire, ainsi que les sept oratoires dont un seul relief est conservé, associés au nom du sculpteur pertuisien Nicolas Petit, sollicité grâce aux dispositions testamentaires d’un laboureur marignanais. L’horloge de la maison commune, portant la date de 1516 ne daterait curieusement que de 1552-1559, simplement millésimée en hommage aux Savoie-Tende. Un document de première importance vient documenter l’histoire du château, propriété de Claude de Tende, précisément décrit et inventorié en 1540, embelli dès 1552-1559 par les maçons Jean Aruel (ou Arvel) et Barthomieu Raynier, ainsi que le gypier Jean Mille, sous la direction de l’architecte marseillais Jean Leconte. Des interventions dans son grand jardin, peu à peu transformé en parc, font également partie du projet. Quelques œuvres d’art inattendues sont désormais connues à Marignane, comme un « beau » portrait de Claude de Tende, des vitraux à ses armes, ainsi qu’une grande bannière de saint Christophe marquant l’ancienne entrée du château et de sa chapelle, toutes disparues. Enfin, ont été trouvés des actes inédits sur les liens très étroits entre Claude de Tende et le capitaine Antoine Escalin des Aimars, préparant certainement à ses côtés, peut-être à Marignane même, la mission diplomatique que François Ier lui confiera en 1541 pour négocier avec Soliman le Magnifique. Autant de repères historiques qui vont alimenter une série de documents sérieusement remis à jour sur le patrimoine de la commune, diffusés en collaboration avec l’Office du Tourisme.
 
Renseignements
Association des Amis de Marignane et de la Provence
5, rue Foch - 13700 Marignane
04 42 34 87 32