Dossier d’étude sur le livre des reconnaissances de 1450 à 1465 conservé aux archives départementales des Bouches-du-Rhône.
Janvier 2021
Une transcription intégrale des actes, tous rédigés en latin par cinq notaires différents, a permis de portraiturer un bourg et son terroir, alors composé de 70 lieux-dits, encore empreints de l’héritage des Baux. En plus de cerner les premiers traits de la cour marignanaise des Valori, puis de celle de Charles d’Anjou (dont Maurelet Guibert, vice viguier des baronnies de Berre et Martigues et véritable cheville ouvrière de la politique foncière du duc), elle témoigne des premiers pas d’une « université » ou communauté des habitants dans ses acquisitions foncières (toujours communales aujourd’hui). Plusieurs corps de métiers y ont donné des artisans particulièrement intéressants pour l’histoire monumentale, comme ceux de la famille des Andrieu, lapicides ou tailleurs de pierres, probables collaborateurs de fustiers et forgerons aussi mieux connus. Autour d’eux s’est dessinée la constitution d’un bourg dans les années 1450, en pleine reconstruction et repopulation après la période noire des années 1390-1400 (peste et ravages des troupes de Raymond de Turenne lisibles dans la configuration des remparts et des portes du bourg d’alors), ainsi qu’un état approximatif du château et de son domaine. Enfin, la manifeste montée en puissance des laboureurs se traduit par le développement de certains quartiers agricoles visiblement prisés, comme la grande plaine du Plan de Martigues (futur aéroport), et le Devens (actuelle colline Notre-Dame), domaine seigneurial véritablement grignoté par ces nouveaux propriétaires.
C’est précisément l’histoire de ce quartier rural que l’étude cherchait à éclairer, à la demande de l’association commanditaire qui ne cesse, depuis les années 1960, de mettre en valeur par la restauration et les connaissances la chapelle qui le domine. La transcription intégrale, la traduction et l’analyse de ce très précieux registre des reconnaissances y a ainsi fait apparaître les premiers fours à chaux, dont l’un est à l’origine de la chapelle, une nouvelle carrière (tous deux encore visibles aujourd’hui), et les noms de 25 propriétaires à titre de bail emphytéotique perpétuel, dont plusieurs se sont révélés aïeuls des premiers légataires ou prieurs de la chapelle jusqu’à présent connue à partir de 1540 seulement. Aussi commencent à s’approcher les origines d’un sanctuaire emblématique pour la commune, désormais datable d’entre 1465 et 1526, et probablement documenté dans les registres des notaires qui ont signé les actes de reconnaissances dépouillés, ou leurs successeurs immédiats identifiés dans l’étude.
Association des Amis de Marignane et de la Provence
4 boulevard Frédéric Mistral