Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

jeudi 23 décembre 2021

Etude inédite

Un prix-fait inédit donné à Josse Lieferinxe pour le retable de la chapelle du Saint-Pilon à la Sainte-Baume

Josse Lieferinxe figure parmi les plus illustres représentants de l’école de peinture provençale dite primitive. Les cartels des plus prestigieux musées portent son nom, associés à des œuvres qui ne lui furent qu’attribuées. Depuis l’article de l’historien de l’art Charles Sterling, paru en 1942, s’est en effet constitué un corpus de panneaux dont la paternité a récemment été remise en question. Il faut remonter à 1939 pour trouver la dernière publication d’une source attestant de son œuvre et de ses repères biographiques. Ce versant archivistique de l’étude de Josse Lieferinxe se limitait ainsi à douze documents à partir desquels s’est échafaudé un riche mais fragile catalogue de peintures. Il convient désormais d’y ajouter une treizième pièce découverte à la fin du XIXe siècle par l’historien marseillais Pierre Bertas, jusqu’à présent totalement ignorée de la critique. Grâce aux indications glanées dans ses notes, il est aujourd’hui possible de connaître la teneur de ce prix-fait (ici intégralement transcrit) reçu en 1505 par un notaire de Marseille. On y découvre l’initiative d’un renommé chanoine de la cathédrale d’Amiens, Adrien de Hénencourt, probablement de retour d’un pèlerinage à la Sainte-Baume, pour doter la minuscule chapelle du Saint-Pilon de son premier retable peint connu. A Josse Lieferinxe s’associent le menuisier Henri Sartissier et l’apothicaire picard Julien Lambert pour la conception et la réalisation de ce qu’on qualifiera par la suite d’un « tableau » au destin contrarié. Mort du peintre, restauration inattendue de la chapelle, reprise en main de la commande, probablement par les Prêcheurs de Saint-Maximin pour son contrôle, avec certitude par le peintre Hans Clemer pour la « besogne » : autant d’inédits jalons enrichissant l’histoire tant de la peinture que d’un haut lieu de pèlerinage et de mécénat artistique en Provence peu après 1500.

Un prix-fait inédit donné à Josse Lieferinxe pour le retable de la chapelle du Saint-Pilon à la Sainte-Baume. 1505-1509. Etude sur un document notarié marseillais et sur une œuvre disparue, exécutée par Hans Clemer

Décembre 2021

50 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale

44 illustrations couleurs et noir et blanc.

 

An unprecedented prize given to Josse Lieferinxe for the altarpiece of the chapel of Saint-Pilon at Sainte-Baume

Josse Lieferinxe is one of the most illustrious representatives of the so-called primitive Provençal school of painting. The labels of the most prestigious museums bear his name, associated with works that were only attributed to him. Since the article by the art historian Charles Sterling, published in 1942, a corpus of panels has indeed been built up, the authorship of which has recently been called into question. You have to go back to 1939 to find the last publication of a source attesting to his work and his biographical references. This archival side of Josse Lieferinxe's study was thus limited to twelve documents from which a rich but fragile catalog of paintings was built. It is now appropriate to add a thirteenth piece discovered at the end of the 19th century by the Marseilles historian Pierre Bertas, until now totally ignored by critics. Thanks to the indications gleaned from his notes, it is now possible to know the content of this price-fact (here fully transcribed) received in 1505 by a notary in Marseilles. We discover the initiative of a renowned canon of the cathedral of Amiens, Adrien de Hénencourt, probably returning from a pilgrimage to Sainte-Baume, to endow the tiny chapel of Saint-Pilon with its first known painted altarpiece. The carpenter Henri Sartissier and the Picard apothecary Julien Lambert joined forces with Josse Lieferinxe for the design and production of what would later be called a “tableau” with a thwarted fate. Death of the painter, unexpected restoration of the chapel, takeover of the order, probably by the Preachers of Saint-Maximin for its control, with certainty by the painter Hans Clemer for the work: so many new milestones enriching the history both of painting and of a high place of pilgrimage and artistic patronage in Provence shortly after 1500.

An unprecedented prize given to Josse Lieferinxe for the altarpiece in the chapel of Saint-Pilon at Sainte-Baume. 1505-1509. Study on a Marseille notarized document and on a lost work, executed by Hans Clemer

 

December 2021

50 pages, 20 x 28.7 cm, spiral bound

44 color and black and white illustrations.

 

lundi 30 août 2021

Dossiers d’étude

Projet de signalétique patrimoniale autour de la chapelle Notre-Dame de Pitié
Proposition d’un plan d’implantation et du contenu historique de 6 pupitres ponctuant le site de Notre-Dame de Pitié à Marignane

Mars 2021


La chapelle Notre-Dame de Pitié de Marignane et son site ont fait l’objet de plusieurs études dédiées ou partielles ces dernières années. Une quarantaine de documents d’archives datés de 1462 à 1656 ainsi découverts, transcrits et analysés ont permis de réécrire l’histoire du monument et de ses abords. L’association des Amis de Marignane et de la Provence, commanditaire de ces travaux, a souhaité concevoir un projet de large diffusion in situ de ces connaissances nouvellement acquises et mises en lumière.

En prélude au dispositif que la ville mettra en œuvre avec l’aval de la conservation régionale des monuments historiques, a donc été proposé le plan d’implantation de six pupitres. Ils  ponctueront le parcours de visite du site de la « Pointe du Devens » devenu « Mont Calvaire » aux XVIe et XVIIe siècles, entre la chapelle, son ermitage, les calvaires de 1533 et de 1867, et une carrière médiévale encore méconnue.

  

 

Est ensuite développé le contenu, texte et images, de chaque étape :

- Notre-Dame et le site du Mont Calvaire

- Les origines de la chapelle : légendes et réalités historiques

- La reconstruction de 1650-1656

- Vie et traditions du sanctuaire

- L’ermitage de Notre-Dame du Devens

- La carrière et les calvaires de la Pointe du Devens.

Des éléments jusqu’alors inconnus seront ainsi dévoilés à tous les publics, accompagnés de nombreuses illustrations comme une suite de plans et élévations retraçant l’évolution du bâti du XVIe au XXe siècle, ou encore des reproductions de peintures témoignant de l’attrait artistique du site autour de 1900.

Qu’il soit ainsi permis de rendre hommage au président de l’Association à l’initiative de ces projets, Jean-François Maurel, récemment et trop tôt disparu, mais dont la mémoire se perpétuera à travers la concrétisation de tant d’années de recherches et de confiance dans la démarche scientifique.


Renseignements

Association des Amis de Marignane et de la Provence

4 boulevard Frédéric Mistral

04 42 34 87 32

lesamisduvieuxmarignane@orange.fr


Direction des affaires culturelles de la ville de Marignane

53 avenue Jean Mermoz – 13700 Marignane

04 42 31 12 42

mardi 6 juillet 2021

Matériels pédagogiques : métiers, savoir-faire et techniques artistiques

 « Le peintre au travail »
Une salle dédiée aux techniques, matériaux et pratiques des ateliers de peinture en Italie au Moyen-âge
 

L’exposition « L’atelier du peintre en Italie. XIIIe – XVIe siècle » présentée au Musée du Petit Palais d’Avignon a rouvert ses portes le 19 mai 2021, Dans le cadre du Grand Angle Dans l’atelier proposé par Avignon Musées. Conçu au printemps 2020, le matériel didactique (voir l’article du 2 août 2020) est désormais visible jusqu’au 8 novembre 2021, en introduction du parcours consacré aux ateliers ponctuant 11 salles du musée. Les échantillons, outils et artefacts ont pu être complétés par des prêts extraits des collections de minéralogie et de taxidermie du musée d'histoire naturelle Esprit Requien d'Avignon.

« L'objectif de cette exposition est de changer le point de vue sur les œuvres proposé aux visiteurs. Ces dernières ne seront donc plus exclusivement présentées comme des pièces de musée - sous l'angle de la chronologie, de l'attribution à un auteur et à des écoles régionales - mais comme des objets liturgiques et domestiques, ayant des usages déterminés, témoins de la société de leur temps, des mentalités religieuses. La question de la matérialité de ces peintures et du lieu même de leur production, l'atelier, sera centrale dans cette exposition. Les visiteurs sont ainsi invités à découvrir comment ces peintures ont été conçues et réalisées, par qui, pour qui, avec quels moyens et outils. Une invitation pour découvrir les œuvres du musée qui permettent d'évoquer la figure du peintre ou celle du commanditaire, de présenter l'organisation de l'atelier, la formation et la culture du peintre, sa famille, sa cité, etc.  

L'exposition se présente comme une promenade dans les collections permanentes réorganisées autour de grands thèmes :

- Le Peintre au travail

- Des peintures pour quoi faire ?

- La place des peintres dans la cité

- Peintres de pères en fils

- Commander des tableaux et se faire représenter

- Un atelier familial raconté par un peintre florentin

- Succès, renommée et influences

- La culture des peintres : de la piété populaire à la culture humaniste et à la culture savante

- Peindre des sujets profanes pour les demeures

- Peindre pour émouvoir.


Cette exposition ambitionne aussi de proposer deux surprises aux visiteurs, l'une en introduction et l'autre en conclusion du parcours.
La première salle est consacrée au Peintre au travail et présente un ensemble inédit de matériaux et outils utilisés entre le XIIIe et le XVIe siècle, fabriqués spécialement pour l'exposition d'après des traités anciens par un spécialiste, Patrick Varrot. Différents modules permettent de découvrir très concrètement les étapes de réalisation des peintures, la formation des peintres, leurs connaissances techniques et artistiques.

L'exposition se termine avec un événement exceptionnel : la reconstitution en volume et à taille humaine d'un tableau du XVe siècle dans lequel le visiteur peut « entrer » et se glisser parmi les fidèles qui assistent à la scène représentée. Un point d'orgue de cette exposition en forme de métaphore qui invite à une plongée dans l'atelier du peintre en Italie entre le XIIIe et le XVIe siècle ».






 


Renseignements
Musée du Petit Palais
Palais des Archevêques – Place du Palais des Papes
84000 AVIGNON

jeudi 22 avril 2021

Dossiers d’étude

Cartographie de Marignane et son terroir à la fin du Moyen Âge : Le site du Devens et les origines de la chapelle Notre-Dame.
Dossier d’étude sur le livre des reconnaissances de 1450 à 1465 conservé aux archives départementales des Bouches-du-Rhône.

Janvier 2021


Ebaucher un état de la ville et de son territoire dans la seconde moitié du XVe siècle s’est imposé comme étape supplémentaire dans la mise à jour des connaissances historiques et patrimoniales sur Marignane. Si les archives communales font défaut en la matière, le fonds du parlement de Provence conservé aux archives départementales a récemment révélé la richesse documentaire d’un registre de reconnaissance de cens, ou plus ancien livre terrier connu pour la commune. Malheureusement incomplet, car prenant la suite de documents aujourd’hui perdus, il a été établi à la demande de Césarie d’Arlatan et Gabriel Valori, cohéritiers de Barthélemy et coseigneurs de Marignane, puis de Charles IV d’Anjou duc du Maine, à qui la terre a été cédée. Les reconnaissances de propriétés par leurs emphytéotes couvrent donc une période comprise entre 1450 et 1465.

Une transcription intégrale des actes, tous rédigés en latin par cinq notaires différents, a permis de portraiturer un bourg et son terroir, alors composé de 70 lieux-dits, encore empreints de l’héritage des Baux. En plus de cerner les premiers traits de la cour marignanaise des Valori, puis de celle de Charles d’Anjou (dont Maurelet Guibert, vice viguier des baronnies de Berre et Martigues et véritable cheville ouvrière de la politique foncière du duc), elle témoigne des premiers pas d’une « université » ou communauté des habitants dans ses acquisitions foncières (toujours communales aujourd’hui). Plusieurs corps de métiers y ont donné des artisans particulièrement intéressants pour l’histoire monumentale, comme ceux de la famille des Andrieu, lapicides ou tailleurs de pierres, probables collaborateurs de fustiers et forgerons aussi mieux connus. Autour d’eux s’est dessinée la constitution d’un bourg dans les années 1450, en pleine reconstruction et repopulation après la période noire des années 1390-1400 (peste et ravages des troupes de Raymond de Turenne lisibles dans la configuration des remparts et des portes du bourg d’alors), ainsi qu’un état approximatif du château et de son domaine. Enfin, la manifeste montée en puissance des laboureurs se traduit par le développement de certains quartiers agricoles visiblement prisés, comme la grande plaine du Plan de Martigues (futur aéroport), et le Devens (actuelle colline Notre-Dame), domaine seigneurial véritablement grignoté par ces nouveaux propriétaires.

C’est précisément l’histoire de ce quartier rural que l’étude cherchait à éclairer, à la demande de l’association commanditaire qui ne cesse, depuis les années 1960, de mettre en valeur par la restauration et les connaissances la chapelle qui le domine. La transcription intégrale, la traduction et l’analyse de ce très précieux registre des reconnaissances y a ainsi fait apparaître les premiers fours à chaux, dont l’un est à l’origine de la chapelle, une nouvelle carrière (tous deux encore visibles aujourd’hui), et les noms de 25 propriétaires à titre de bail emphytéotique perpétuel, dont plusieurs se sont révélés aïeuls des premiers légataires ou prieurs de la chapelle jusqu’à présent connue à partir de 1540 seulement. Aussi commencent à s’approcher les origines d’un sanctuaire emblématique pour la commune, désormais datable d’entre 1465 et 1526, et probablement documenté dans les registres des notaires qui ont signé les actes de reconnaissances dépouillés, ou leurs successeurs immédiats identifiés dans l’étude.

Renseignements
Association des Amis de Marignane et de la Provence
4 boulevard Frédéric Mistral
04 42 34 87 32
lesamisduvieuxmarignane@orange.fr