Marignane et son château du XIVe au XVIe siècle d’après les registres de la chambre royale des comptes
Mai 2020
Comme suite aux travaux engagés
en 2019 sur les archives parlementaires documentant le château et la seigneurie
de Marignane dans leurs états les plus anciens, la ville et sa direction
culturelle ont souhaité s’intéresser au fonds du parlement de Provence. Un
dossier d’étude a donc été convenu à partir de la sélection de douze documents
essentiels sommairement inventoriés au XIXe siècle par l’archiviste du
département Louis Blancard. Tous ont fait l’objet d’une transcription, et, pour
les pièces rédigées en latin, d’une traduction. Ils couvrent la période la
période de 1309 à 1555 et comprennent les serments de fidélité des frères
Bertrand et Gilbert de Baux, ainsi que ceux de leur descendant François de Baux
enregistrés en 1385 et 1399. Mais les actes les plus scrutés ont été extraits
des registres de reconnaissances, précurseurs des cadastres, établis pour
Césarie d’Arlatan et Gabriel Valori entre 1440 et 1444, puis Charles du Maine
entre 1458 et 1465, enfin pour le président de la cour des comptes en 1526,
alors en charge de la gestion d’une seigneurie passée sous mainmise royale.
C’est à vrai dire cet ensemble de pièces qui avait attiré l’attention, incluant
un inventaire exhaustif des biens féodaux, dont le château encore médiéval,
objet d’une inédite description. Il vient compléter une série de baux
emphytéotiques accordés en 1519 au nom du roi par une chambre des comptes qui,
générait et témoignait ainsi précisément des plus anciennes campagnes
d’aménagement des abords du château médiéval à l’aube de la Renaissance.
S’ensuivent des contrats d’arrentement des plus précieux pour la connaissance
des occupants et acteurs locaux de la vie de la bâtisse et de son domaine,
jusqu’au pléthorique rapport d’expertise de 1555. Dressé dans le cadre du procès introduit au
parlement par Françoise de Foix pour demander le remboursement par les caisses
royales de tous les travaux de réparation et de transformation, il propose une visite par le menu et les
dimensions de ce qui apparaît, à travers les lignes des maîtres artisans
sollicités, comme une véritable résidence aristocratique du XVIe siècle. La
documentation semble désormais assez complète pour proposer un premier plan du
château médiéval, ainsi qu’une configuration de la nouvelle bâtisse
renaissante. Et au-delà, un portrait de plus en plus net du domaine et du
terroir, en commençant par la découverte d’une « antique muscatelle »
à l’origine du grand jardin ou « viridarium » seigneurial, déjà
pourvu d’un colombier. Au registre des aménagements urbains, plusieurs données
sont venues éclairer les rapports des interventions d’archéologie préventive de
2010, comme la localisation et la description assez précise des fosses de la
ville, peu à peu couvertes d’une ceinture de jardins, ainsi que l’existence
d’une « porte fausse » ouvrant le rempart à la vue du château,
jusqu’à présent totalement ignorée. Enfin sont apparues les origines des
« appartements neufs » du château aménagés sous Jean-Baptiste II de
Covet au Grand Siècle, sur une ancienne « antiplace » prolongée par
un « plan del foris » occupé par le palais moderne orienté vers le
parc en lequel a été converti l’ancien « viridarium ». Au travers de
toutes ces étapes suivies par la plume de notaires, conseillers ou maîtres
rationaux, s’est révélée l’ossature du château des Covet, déjà orienté vers le
sud-est et sa basse-cour devenue cour d’honneur dès le XVIe siècle (on y
découvre une nouvelle entrée traitée en arc de triomphe). Le monument marquera celui
de cette famille de marchands dès les premières années du XVIIe siècle. Mais
les documents antérieurs ici convoqués font déjà état de l’arrivée massive de
cette classe de rentiers, ainsi que la montée en puissance de nouveaux notables
acquéreurs et bâtisseurs au siècle précédent.
Soucieuse de rendre accessible
le dossier aux publics et aux chercheurs, la direction des affaires culturelles
en a fait déposer un exemplaire aux archives communales, consultable sur
demande.
Renseignements :
Direction
des affaires culturelles de la ville de Marignane53 avenue Jean Mermoz – 13700 Marignane
04 42 31 12 42
Archives
municipales de Marignane
Bibliothèque
Jean d’OrmessonAvenue de Figueras - 13700 Marignane
04 42 31 12 40