Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

jeudi 9 juillet 2020

Monographies : peintres méconnus en Provence

Joseph Rougier (1712-1787) et Joseph Amalbert (1749-1796).

Entre Sainte-Victoire et Sainte-Baume, deux hauts lieux d’inspiration artistique et de dévotion spirituelle, s’articule un territoire a priori propice à l’exercice pictural. Trets et ses environs ont ainsi vu naître et travailler Joseph Rougier. Né en 1712 d’une mère originaire d’Apt et d’un père consul et bourgeois, il a été porté sur les fonts baptismaux par Pierre-Joseph de Haitze, célèbre historien d’Aix et de la Provence, et surtout connaisseur et admirateur de la peinture de Jean Daret. Aussi allait-il embrasser une carrière à la fois administrative et artistique, comme contrôleur des actes et peintre. Ce « sieur Rougier », ponctuant les notes éparses, les relevés et quelques publications d’érudits et archivistes du XIXe siècle, vient donc nous interroger sur le métier et le statut de peintre entre la grande peste de 1720 et la Révolution, bref dans la seconde moitié du XVIIIe siècle à l’écart des grands centres et foyers urbains. A la croisée d’une délectation et d’une excellence imposées par le Grand siècle, d’une esthétique et d’un académisme mûris au siècle des Lumières, il nous laisse des œuvres empreintes de l’héritage de Michel Serre, probablement de Pierre Veyrier, indirectement du Romain Carlo Maratta, et tournées vers les propositions nouvelles des Van Loo. Sous son pinceau la grandiloquence du baroque se dissout donc dans les raffinements d’un rococo qui va rapidement s’imposer. Aux côtés de son beau-fils Joseph Amalbert, encore mal connu, et d’un hypothétique collaborateur encore non identifié, il prend la tête d’un atelier livrant grands tableaux de retables, parfois surpeuplés devant d’emphatiques decora, portraits officiels et ex-voto visiblement confiés aux apprentis et successeurs : une multiplicité et une organisation déjà à l’œuvre sur les chevalets d'autres dynasties provençales récemment mises en lumière. Un catalogue de trente numéros se clôt ainsi par une toile que tout semble dater des années 1792-1793, et donc confronter à la très controversée question de la peinture d’histoire religieuse à l’orée, voire à l’époque même de la Terreur. Un cheminement historique que vient alimenter une collecte de documents, intégralement transcrits pour certains, et un état des lieux de la vie artistique entre Aix, Marseille et Toulon, à la rencontre d’acteurs assez peu connus comme Louis Griosel, André Chaix, Etienne Velin, Georges-Agricol Marron, et le Marseillais Honoré Mercurin à qui sont ici rendues les spectaculaires tapisseries peintes de la prud’homie de pêche de La Ciotat. C’est aussi une promenade en Basse-Provence que vient proposer cette redécouverte, reliant Trets à Lançon, Puyloubier, Auriol, Roquevaire, Gémenos, La Ciotat, Hyères, Saint-Zacharie, Rians, La Roquebrussanne, Cotignac, et peut-être à l’arsenal de Marseille dans les premières années de l’école académique de dessin.
 
Joseph Rougier et Joseph Amalbert : Peintres bourgeois de Trets au XVIIIe siècle. Vie et œuvres d’un atelier familial entre pays d’Aix et Basse-Provence
Juin 2020
109 pages, 20 x 28,7 cm, reliure spirale
136 illustrations couleurs et noir et blanc.