Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

jeudi 2 août 2018

Dossiers d’étude

L’Annonciation de l’église de Jonquières :

Une toile et une peinture murale documentées de Pierre Bainville à Martigues (1692-1694).

Dossier d’étude préalable à la restauration du tableau, sur l’œuvre et la biographie du peintre.

Juillet 2018
 
Parallèlement au projet de réfection générale de l’édifice, la Ville de Martigues, par son service Ville d’art et d’histoire, a souhaité engager une étude de fond sur l’ancien tableau de son maître-autel.
L’Annonciation avait été reléguée dans une chapelle latérale dans les années 1970, en mauvais état et séparée de ses deux toiles latérales figurant saint Genest et saint Benoît. Classée au titre des monuments historiques en 2011, elle a fait l’objet d’une attribution au peintre Pierre Bainville par Agnès Barruol, conservateur des antiquités et objets d’art du département des Bouches-du-Rhône. En attente de restauration au Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine (CICRP) à Marseille, l’œuvre a donc bénéficié d’une étude historique approfondie qui alimentera le cahier des charges de la restauration, un projet de remise en situation des peintures dans le chœur de l’église, et des propositions de médiation à destination des publics.
La découverte du prix-fait, de la quittance et d’un acte de cession de dette pour le paiement des tableaux a permis de confirmer l’attribution à Pierre Bainville et de dater la réalisation d’entre septembre 1692 et avril 1694. Auteur d’un monumental « faux retable » dont certaines parties peintes à la détrempe ont été redécouvertes derrière l’abside bâtie entre 1867 et 1871, le peintre a traité avec sept commanditaires et financeurs engagés dans une véritable entreprise à destination de la communauté du quartier de Jonquières. Grâce à un dépouillement systématique des registres de notaires de Martigues entre 1680 et 1700, tous ont été identifiés, leurs motivations révélées… tout comme l’existence insoupçonnée de modèles ou répliques des toiles chez un particulier. Ce travail a également permis de retracer toute l’histoire de l’aménagement et de l’ornementation du sanctuaire, durant les deux décennies préparant la mise en place de cet ensemble pictural du Grand Siècle à Martigues. D’autres peintures et sculptures conservées par la ville ont aussi enfin trouvé auteur dans le cadre de cette démarche qui a dessiné le contexte d’une véritable ville d’art à la fin du XVIIe siècle.
La source gravée de l’œuvre de Saint-Genest, réinterprétée par Pierre Bainville, a été précisément identifiée, associée au corpus des peintures de Nicolas Poussin mais toujours disputée par les spécialistes entre son catalogue et celui du Lorrain Charles Mellin. Bainville l’avait aussi employée pour le même sujet peint à Tourves dans le Var, deux ans plus tôt. Cette parenté, déjà connue, a permis de découvrir le prix-fait et la quittance, tous deux inédits, donnés pour cette Annonciation varoise. Ces documents ont apporté des détails biographiques, iconographiques et techniques inespérés pour l’étude du tableau martégal. Une troisième version très proche, conservée à Venelles en pays d’Aix a, par voie de conséquence, été associée à cet ensemble.
Le second volet de ce dossier d’étude s’intéresse donc à un peintre, encore relativement méconnu, mais tout de même blasonné aux côtés des quatre principaux artistes marseillais en 1696. De fait, la biographie et le catalogue des œuvres de Pierre Bainville ont été revisités, mis à jour et dûment complétés, notamment par la découverte de ses origines parisiennes, d’un début de carrière à Grasse, jusqu’à présent ignoré, l’existence d’un (ou même deux) fils peintres aussi. Le corpus de ses peintures intègre maintenant un tableau de jeunesse aux Mujouls dans les Alpes-Maritimes, et une toile de sa période aixoise à Simiane-Collongue.
Point de départ d’une série de décisions sur le devenir de l’œuvre martégale, des suites de cette étude seront connues, visibles, audibles et tangibles d’ici un an environ.
 
Renseignements
Service Ville d’Art et d’Histoire
Direction culturelle de la ville de Martigues
Quai Lucien Toulmond
13500 MARTIGUES
04.42.10.82.71