Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art

Le blog d’un chercheur et formateur en histoire de l’art
en Provence… et ailleurs


L’art où, par qui, et comme il s’est fait.
Les articles régulièrement postés ici rendent compte d’une activité de recherche, de publication et de conception d’outils pédagogiques.
Ce blog déroule une vision concrète et sensible de l’histoire de l’art entrevue dans ses relations de proximité avec un territoire, avec des artistes parfois surpris dans leur travail d’atelier.
Une collection de monographies sur des peintres méconnus invite à (re)découvrir un patrimoine parfois insoupçonné en Provence. Des publications et des conférences en communiquent les récentes mises à jour. Des dossiers d’étude à destination des collectivités contribuent à la connaissance, aux décisions de conservation et aux choix de mise en valeur d’œuvres longtemps ignorées voire remisées.
Un ensemble de supports et matériels pédagogiques s’adresse à des publics divers, allant de l’outil de médiation à l’objet de formation.

Patrick Varrot
Formation, recherches et publications en histoire de l'art
Marseille
Pour tout contact: patrick.varrot@wanadoo.fr

lundi 28 novembre 2016

Dossiers d'étude

Un atelier de peintres actif à Martigues (1704-1870) : Guillaume et Joseph Blaÿ, Joseph-Bernard Flaugier, Jean-André et Joseph-Antoine Bernard, Joseph Hilaire.

Dossier d’étude autour des peintures murales de la chapelle des Pénitents Blancs de l’Annonciade.

 

Novembre 2016
 
Cette étude initiée à la demande du Service ville d’art et d’histoire de Martigues, en collaboration avec le musée Ziem, a occasionné la reprise, l’augmentation, et surtout la mise à jour de monographies sur la dynastie des peintres martégaux Blaÿ et Bernard. Après l’obtention du label « ville d’art et d’histoire », un des fleurons du patrimoine artistique et historique de Martigues a rouvert ses portes au public après des années de restauration. Monument majeur de l’époque moderne, la chapelle des Pénitents Blancs de Jonquières, placée sous le titre de l’Annonciade, offre donc à nouveau aux visiteurs l’expérience enveloppante d’un décor polychrome du sol au plafond. Elément manquant jusqu’en 1754 (et non 1734 comme il est développé dans le document), les peintures murales constituent la part essentielle de ce déploiement baroque, qui plus est signée donc historiquement documentée. « Blaÿ père et fils », réalisateurs de ces « mystères » figurés, demeurent pourtant des noms sans grande résonance à Martigues. Ils ont pourtant fondé un atelier, voire une dynastie de peintres ayant marqué de son empreinte le paysage imaginaire d’un territoire pendant près de deux siècles sans discontinuer. Et ce précisément à partir de leur intervention sur les parois de l’Annonciade, première œuvre initiant un catalogue et une succession biographique traversant XVIIIe et XIXe siècles. La vie artistique autour de l'Etang de Berre n'est, il est vrai, souvent évoquée qu'à partir de ce dernier et des paysagistes itinérants qu’il a produit. Les travaux d’historiens de l’art sur la peinture en Provence à l’époque moderne ont cependant déjà rempli des pages souvent ignorées, pour la fin du XVIe et le XVIIe siècle, sans qu’un véritable « foyer » artistique ne s’en dégage. Le nom et l’œuvre des Blaÿ viennent donc combler une lacune. Une série de travaux engagés entre 2010 et 2015 pour diverses collectivités et associations situées sur le pourtour de l’Etang de Berre avait permis de faire émerger, grâce à une prospection in situ et à un dépouillement systématique des archives d’abord notariales puis paroissiales et épiscopales, l’ampleur de l’activité et du nombre d’œuvres conservées.
Au titre des dernières découvertes générées par la mise en œuvre de ce dossier figurent l’acte de baptême de Joseph Blaÿ (1740-1795) à la paroisse Saint-Laurent de Marseille, l’intégration à son catalogue d’œuvres documentées comme un recueil de botanique à Avignon, une série de portraits des bienfaiteurs des hospices d’Arles, deux ex-voto attribués au musée Ziem et deux toiles anonymes déposées dans les réserves municipales, la présence de son père Guillaume Blaÿ (1704-1765) à Marseille pendant plus de dix ans, et surtout de son activité de « peintre en tapisserie », l’inventaire du mobilier garnissant en partie la maison-atelier de Joseph dans la rue Capoulière à Martigues, noyau d’une collection transmise sur quatre générations. De même vient parachever les notices biographiques des frères Bernard la transcription de leurs actes de naissance récemment trouvés, et pour Jean-André (1761-1810), celui de son décès à Marseille. La personnalité de ce peintre tend par ailleurs à se préciser grâce au rapprochement de nouvelles œuvres repérées au musée Ziem. Les traces documentaires se sont donc accumulées. Jean-André et Joseph-Antoine Bernard (1764-1835) peuvent désormais, grâce à leur identité recomposée, alimenter le plus riche chapitre de cette étude comme chaînons manquants entre grande peinture d’histoire religieuse et petit ex-voto populaire, entre siècle des Lumières et triomphe de l’industrie qui relégua leur dernier successeur au rang d’artisan vitrier et peintre en bâtiment. C’est en effet sur la biographie et le catalogue inédit de cet obscur Joseph Hilaire (1803-1870), venu de Marseille poursuivre, et certainement restaurer, l’œuvre de la dynastie martégale éteinte que se clôt l'étude. Ironie de l’histoire, ses interventions maladroites et dégradantes sont peut-être à l’origine de la conservation des peintures de la chapelle des Pénitents de Jonquières, où aux strates archéologiques dernièrement explorées peuvent désormais succéder un effeuillage artistique.
 
Renseignements
Service Ville d’Art et d’Histoire
Direction culturelle de la ville de Martigues
Quai Lucien Toulmond
13500 MARTIGUES
04.42.10.82.71